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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Montrath avec impatience ; c’est beau, c’est pittoresque, c’est admirable !… Mon Dieu ! chère, vous avez raison… mais c’est si triste !

Elle prit le bras de Francès et l’entraîna vers la fenêtre.

Le paysage s’étendait au-devant d’elles, vaste, radieux, splendide.

Francès laissa échapper un cri d’admiration.

— Hélas ! oui, chère, dit Georgiana, c’est superbe ! et je compte bien le mettre dans un de mes livres… Mais que j’aime mieux les avenues sablées de Regent’s-Park !… Que tout cela est triste !… Voyez ces grandes tours… tout ne vous parle-t-il pas ici de mystères et de crimes ?

Francès se prit à sourire. Une sorte de fatalité l’entourait sans cesse de romans faits chair. La fière lady avait sa part du travers de la pauvre Fenella.

— Vous vous laissez emporter par votre imagination, Georgy, dit Francès, il n’y a là ni mystères ni crimes… ce sont de belles ruines, dominant un magique paysage, voilà tout… Moi qui ne suis pas poëte comme vous, je voudrais passer ma vie en face de ces merveilles.

— Dites-vous vrai ? s’écria Georgiana vivement.

L’expression de son visage venait de changer