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TROISIÈME PARTIE.

Kate restait glacée.

Owen attira sa tête sur son sein. Kate le laissa faire, mais son visage garda son immobilité froide.

Owen se tordait les bras et regardait le lac d’un œil de convoitise.

— Oh ! Kate ! Kate ! je souffre plus que vous, dit-il.

La jeune femme fit un mouvement faible ; sa paupière battit et ses lèvres remuèrent.

— On ne peut pas souffrir plus que moi, murmura-t-elle.

Un incarnat fugitif vint à sa joue ; sa respiration siffla plus oppressée et sa poitrine se souleva. Puis tout à coup ses sanglots éclatèrent et son visage fut inondé de larmes. Elle jeta ses bras autour du cou d’Owen et se serra contre lui avec un élan d’irrésistible passion.

Owen pleurait aussi et lui rendait caresse pour caresse.

— Vous m’aimez ! vous m’aimez ! dit-elle dès qu’elle put parler. Je le sais… je le crois… ma jalousie était folle…

— M’avez-vous donc soupçonné, Kate ?

— Oui… et que j’ai souffert !… Dites-le-moi bien, Owen… N’est-ce pas, n’est-ce pas que vous m’aimez ?