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LE CHATEAU DE MONTRATH.

une force invisible l’y eût attirée. Un instant Owen la vit en équilibre au-dessus de l’abîme. Il poussa un grand cri et prit son élan.

Kate se retourna ; elle le reconnut et tomba sur ses genoux.

Owen, en arrivant près d’elle, se laissa choir à ses côtés ; il était sans force, son émotion l’écrasait.

— Ô Kate ! murmura-t-il, que vous ai-je fait ? que vous ai-je fait ?…

La jeune femme tourna sur lui des yeux égarés ; elle avait toujours sur le visage ce même masque de morne désespoir. Elle ne répondit point.

Owen prit ses mains froides et les serra contre son cœur.

— Vous vouliez vous tuer ! dit-il.

Ces paroles semblaient déchirer sa lèvre au passage.

— Je voulais me tuer, répondit Kate froidement.

— Et pourquoi ? s’écria Owen, pourquoi ?

— Parce que je souffre trop.

Owen voulut répliquer, mais sa voix s’arrêta dans sa gorge. Il resta un instant sans parler ni se mouvoir. Puis il se mit à genoux et implora sa femme d’un regard muet.