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TROISIÈME PARTIE

amours… il faut que je m’éloigne s’il m’a laissée pour obéir au signal de ce feu mystérieux qui brûlait sous les tours de Diarmid… Oh ! mon père ! mon père !…

Elle prit à deux mains son cœur endolori, et leva ses yeux secs vers le ciel.

— Je n’ai pas de forces, dit Owen dans son rêve ; je ne peux pas la soulever, et ils vont venir !

Kate ne comprenait point, parce qu’elle était évanouie au moment où Owen l’avait emportée dans ses bras hors de l’atteinte des Molly-Maguires.

Elle cherchait à deviner, et sa passion réveillée ramenait de nouveau la vie dans son regard. Elle écoutait ardemment, car, entre les deux tranchants du dilemme où elle était acculée, le plus cruel était la perte de l’amour d’Owen.

La pensée qu’Owen, affilié aux sociétés secrètes, avait pu tremper dans l’assassinat de son père, aurait brisé sans retour le bonheur de sa vie ; mais la pensée qu’Owen aimait une autre femme la tuait…

— Sauvée ! s’écria tout à coup Owen qui se souleva tout droit pour retomber aussitôt sur l’oreiller en poussant un long soupir.

Kate le contemplait, inquiète, attendant une