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TROISIÈME PARTIE

traits semblaient faits pour exprimer la gaieté, avait dans son repos une apparence de tristesse soucieuse.

Kate Neale n’était point couchée sur le lit auprès de lui, comme d’habitude. Elle était assise sur une escabelle, et sa tête seule, lourde et abattue, s’appuyait à la couverture. Un désespoir morne pèse sur elle. Son jeune visage a perdu jusqu’à sa douceur, car ses sourcils se froncent avec menace, et sa lèvre contractée a murmuré de tragiques paroles…

Parfois, de loin en loin, une larme vient encore et tremble au seuil de sa paupière, mais elle disparaît bien vite séchée : sa paupière brûle…

Quelques minutes se passèrent. Owen s’agitait toujours en son sommeil, et sa plainte semblait ne point arriver jusqu’à l’oreille de la fille du middleman.

— Je ne puis plus rester ici ! murmura-t-elle d’une voix brisée ; il faut que je parte !… Je crois qu’il m’aime encore… mais là, là, devant mes yeux, je vois toujours le corps pâle de mon père !…

Elle s’arrêta et se dressa toute droite sur sa chaise. Ses cheveux, ramenés en avant, inondèrent sa joue blanche.