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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Francès ; dans cette solitude qui s’ouvrait pour elle si amère et toute pleine de vagues terreurs, elle eut à retrouver son amie un véritable transport.

Dès le matin, elle avait envoyé la voiture de milord à Galway avec une lettre pressante qui engageait miss Roberts à venir au château. Lady Montrath n’avait jamais trouvé le hasard si secourable. Elle bénissait du fond du cœur Joshua Daws ; elle lui savait gré d’être sous-intendant de police, et d’avoir été envoyé en mission dans le Connaught.

Francès, si ferme, si courageuse, si bonne, allait être pour elle une providence !

Il y avait un an à peu près qu’elles ne s’étaient rencontrées. Depuis leur sortie de pension, leur vie était bien différente. Elles suivaient des routes qui ne se croisaient point. Georgiana, fille d’un comte, avait été emportée tout d’abord par le tourbillon fashionable ; elle était riche et bien jolie ; son existence fut une suite non interrompue de triomphes.

Francès, au contraire, après avoir passé les années de sa première jeunesse dans une pension brillante, où le titre et la position personnelle de son père lui avaient donné accès, était rentrée tout à coup dans le monde bourgeois.