qu’il vous fit heureux, Morris, sur la terre et dans le ciel !… Je me sentais plus faible d’heure en heure ; mes forces m’abandonnaient peu à peu, et il me semblait que mon esprit s’égarait en ce trouble qui précède, dit-on, la dernière heure.
« La vie est pour moi un fardeau pesant, mais je n’avais point de joie à sentir la mort s’approcher. Pour mourir heureuse, Morris, il me faudrait vous revoir…
« Vous revoir, ne fût-ce qu’un instant ! Oh ! que Dieu me prenne, après ce bonheur, et je bénirai sa clémence !…
« C’était une sorte de sommeil apathique, un engourdissement suprême ; je ne souffrais plus guère ; j’avais oublié jusqu’à ma soif. Je crois que je suis restée la moitié d’un jour ainsi. Le soir une chaleur vive courut par mes veines ; mon sang se reprit à couler, brûlant ; la fièvre me ressaisit.
« Mais j’étais si faible ! ce choc soudain acheva de m’abattre ; mes yeux se fermèrent et je m’endormis.
« Quelle nuit, Morris ! et quel rêve ! Je n’espère plus que Dieu me donne le bonheur ici-bas, mais, quoi qu’il arrive, jamais je n’éprouverai de joie plus grande ni plus complète…
« Mon rêve commença par reproduire la triste