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LE CHATEAU DE MONTRATH.

— J’en mourrai ! dit-il. Mary ! Mary ! vous me tuez !…

— Que disais-je ? s’écria Mary. Il n’y a pas d’homme aussi ennuyeux que vous dans le tête-à-tête, Montrath !… Que diable ! je n’ai encore rien dit à cette petite femme, et vous devriez m’en savoir gré !

— Vous appelez cela ne rien dire ? répliqua piteusement le pauvre lord, mais vos demi-mots valent une révélation tout entière !…

— Alors j’étais bien bonne de me gêner ! dit mistress Wood tranquillement ; je parlerai plus clairement une autre fois.

— Non, Mary ! non !… ayez pitié de moi !… Que vous ai-je fait ?

— Je n’en sais rien… mais qu’importe cela, milord ?… Votre cheval ne vous a rien fait non plus, pourtant vous ne vous gênez point pour le frapper à coups de cravache… Chacun a ses petits caprices.

La lèvre de Montrath saigna entre ses dents convulsivement rapprochées.

Il se reprit à arpenter la chambre à grands pas.

Mary le laissa faire durant quelques secondes, puis elle frappa du pied avec impatience.

— Allons, Montrath ! allons ! dit-elle du ton d’un pédagogue qui morigène un enfant turbu-