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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Montrath… Il est… ma foi, je n’en sais trop rien… je l’appelle Paddy, parce que, sur trois mangeurs de pommes de terre, il y en a deux qui se nomment ainsi… Mais j’ai des raisons pour croire que son vrai nom… attendez ! quel nom y avait-il donc sur ces chiffons de toile ?… Morris, je crois.

— Morris ! s’écria le lord en tressaillant.

— Oui… je crois bien que c’était Morris… mais cela m’est égal.

— Et il sait quelque chose de… ?

Milord hésita. Son regard glissa de côté jusqu’aux deux dames, dont les figures attentives semblaient guetter ses paroles au passage.

Francès surtout se penchait en avant et le dévorait des yeux. Elle semblait plus impatiente d’apprendre que Georgiana elle-même.

En elle, désormais, il y avait deux intérêts éveillés, et celui de ces intérêts qui se rapportait à Morris Mac-Diarmid n’était pas le moins puissant.

Elle n’avait plus, à vrai dire, ce qu’il fallait de liberté d’esprit pour juger selon le vrai la position de Georgiana. L’idée de Morris l’absorbait. Ce qu’elle épiait avec ardeur et passion, c’étaient les paroles qui avaient trait à Morris. Elle devinait un danger nouveau suspendu au-dessus de