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LE CHATEAU DE MONTRATH.

— Allez au diable, Nick, vieux fou que vous êtes !…

Le valet sortit précipitamment, non sans jeter à la dérobée un regard vers son maître, qui détournait les yeux et feignait d’être distrait.

Quand il eut regagné l’office, il raconta ce qu’il avait vu. Chacun glosa, mais tout bas, parce que les grands laquais de l’ancienne camériste étaient là qui écoutaient.

La fugitive rougeur que le rhum avait apportée à la joue de Mary Wood n’avait fait que passer. L’éclair allumé dans son œil s’était éteint au bout de quelques secondes ; elle était redevenue froide et morne. Et ce calme lourd formait un contraste étrange avec le désordre complet de sa toilette.

Les riches atours de Mary Wood étaient en effet dans le désarroi le plus absolu. Le vent de mer, la bourrasque essuyée et la fameuse course sur le galet, à la poursuite de Mac-Diarmid, avaient brisé ses plumes, fripé ses rubans, taché son velours.

Ses traits, qui étaient dessinés régulièrement et qui, de loin, gardaient une apparence de beauté, se montraient, vus de près, grossiers et à la fois ravagés. L’ivrognerie avait imprimé profondément son stigmate sur ce visage brutal.