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TROISIÈME PARTIE.

des deux jeunes femmes, son pas se ralentissait involontairement ; on voyait qu’il avait désir de parler, mais il n’osait pas.

La présence de Georgiana et de Francès le contrariait évidemment. Il eût voulu se débarasser d’elles à tout prix, car, dans la crise qu’il prévoyait, l’œil ouvert de deux témoins devait mettre le comble à sa détresse. Deux ou trois fois sa bouche s’ouvrit pour prononcer une prière et manifester l’envie qu’il avait d’être seul.

Mais il se retint toujours, et garda le silence jusqu’au bout.

Chaque fois qu’il tournait le dos, dans sa promenade circonscrite, l’œil de Georgiana se levait sur lui et le suivait, anxieux. Puis elle adressait un regard d’intelligence à Francès, qui se sentait monter au cœur des terreurs vagues, et qui cherchait à deviner ce qui allait se passer bientôt sous ses yeux.

On entendit la grille tourner sur ses gonds rouillés ; un bruit de pas retentit dans la cour.

Montrath passait en ce moment juste en face de Georgiana. Il s’arrêta court et prêta l’oreille, puis son regard se leva sur sa femme et lui adressa une muette prière.

Georgiana ne voulut point comprendre, et ramena ses longs cils sur sa joue pâlie.