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DEUXIÈME PARTIE

gentlemen et de ladies qui fuyaient l’air pesant de la grande ville.

« Une fois, l’idée me vint d’ouvrir ma fenêtre et de crier au secours.

« Parmi tous ces hommes et toutes ces femmes d’Angleterre il y avait peut-être un cœur.

« Pauvre folle ! ma chambre était une prison ; ma fenêtre ne s’ouvrait point…

« Depuis lors je suis tombée en une prison plus dure ; les frais lambris de Montrath-House ne sont plus autour de moi, et mes yeux ne rencontrent plus que des murs de pierres humides et noirâtres. Mais je n’ai pas éprouvé plus de peine en mettant le pied dans ce tombeau que je n’en ressentis au moment où je me vis pour la première fois prisonnière…

« L’espoir vient si vite à ceux qui ne sont point encore habitués à souffrir. Il me semblait que derrière cette fenêtre close était la liberté, le bonheur, l’Irlande où je vous croyais, Morris !

« La servante anglaise vint et trouva mon visage inondé de larmes.

« C’était une femme jeune encore, et gardant des restes de beauté. On la nommait Mary Wood. Jamais je ne vis de pitié dans ses yeux.

« D’ordinaire, en m’abordant, son visage dur