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LES SAXONS.

« Milord était étendu déjà sur son lit. Il me dit d’approcher ; je demeurai immobile. Il voulut se lever, mais il retomba, vaincu par l’ivresse.

« Quelques menaces, intelligibles à peine, sortirent de sa bouche et moururent en un grognement confus : il dormait.

« Je me mis à genoux ; cette première nuit de ma captivité se passa en prières.

« Et quand j’avais fini de prier, Morris, je pensais à vous !

« Ce dut être aussi dans la maison de Mac-Diarmid une nuit d’angoisse et de souffrance, car le vieillard m’aimait tendrement, et j’étais pour ses fils une sœur chérie…

« Mais vous, Morris, que votre douleur dut être amère ! il me semblait vous voir, éperdu, furieux, et l’image de votre détresse empêchait les larmes de se sécher dans mes yeux.

« Le lendemain, nous partîmes par la route qui mène à Roscommon. Les amis de milord le raillaient toujours et lui disaient :

« — Laissez là cette fille dont vous n’avez que faire !…

« George Montrath rougissait de colère, et ses yeux se tournaient vers moi menaçants…

« Quelques jours après, nous étions auprès de