Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
DEUXIÈME PARTIE

me demandiez pardon des instants passés à ne point parler d’amour.

« C’était ma récompense espérée. Après la méditation venaient les bonnes paroles et les sourires aimés. Que de doux espoirs ! que de riants projets ! que de beaux rêves !…

« Il n’y avait dans l’avenir que de longs jours de joie et de tendresse…

« Dans l’entreprise hardie où votre noble audace vous engageait, vous aviez à courir bien des périls, bien des fatigues à supporter ; mais j’aurais pris ma part de vos fatigues, et, si vous aviez succombé, je serais morte.

« Tout entre nous était commun, la vie et la mort, la joie et la misère. Que faites-vous maintenant Morris ? Êtes-vous vainqueur ? et si vous souffrez, qui vous console ?

« Oh ! mon pauvre cœur se fend ! Peut-être une autre femme marche auprès de vous, son bras sous le vôtre, comme je marchais, Morris…

« Je vous le jure, elle ne sait point vous aimer comme moi !

« Que fait le saint vieillard Mill’s Mac-Diarmid, notre père ? A-t-il pleuré sa fille perdue ? Et nos frères, si braves et si bons, sont-ils heureux ? Jermyn, le pauvre enfant, regardait par-