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LES SAXONS.

toujours avec le shillelah ou avec le fusil… Vous êtes notre doux maître, notre chef, notre bon lord !… Oh ! Morris, nous sommes tous à vous !… Que faut-il faire ?

D’autres parlaient moins et sentaient davantage. Le roi Lew et ses hardis matelots eussent suivi Morris au bout du monde. Le Brûleur demeurait comme abasourdi ; sa cervelle épaisse entrevoyait vaguement tout un ordre d’idées nouvelles.

— Hourrah pour Molly-Maguire ! cria-t-il à tout hasard en jetant un tronc de bog-pine dans le foyer.

El tandis que les mystérieuses girandoles se rallumaient et dispersaient dans la nuit leurs gerbes d’étincelles, la foule répéta du fond du cœur :

— Hourra pour le bon Morris, noire cher seigneur !

Morris parla encore. Chacun de ses mots était accueilli comme un oracle.

On ne pensait plus aux dragons détestés. De grand cœur on faisait grâce à ces obscurs instruments pour s’attaquer à l’Angleterre elle-même. Les âmes relevées avaient dégoût du meurtre inutile ; elles se sentaient tressaillir au souffle inconnu de l’honneur.