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LES SAXONS.

« Et les apôtres de ce Dieu sont des soldats en habits rouges qui ont une Bible d’une main et un sabre de l’autre, qui chantent les psaumes et qui tuent.

« Où sont nos lords chers ? où est O’Brien, où est O’Rourke ? où sont O’Farral, O’Neil et le grand O’Connor ?

« Hélas ! ils ne sont plus, et leurs fils déchus labourent le sillon des vainqueurs. Nos lords ont des noms saxons, normands, anglais. Ils ont gratté la harpe aux écussons de nos vieilles murailles, pour mettre à sa place les pièces inconnues du blason des chevaliers de France !

« Notre harpe ! elle forme un des quartiers de la bannière anglaise !…

« Mais écoutez ! Un cri nous vient de l’autre côté de la mer, un cri de triomphe et de joie ! C’est un peuple d’esclaves qui a brisé sa chaîne ; c’est l’Amérique qui, lasse de courber sa jeune tête sous le joug anglais, a pris le tyran à la gorge et l’a repoussé vaincu.

« Washington ! La Fayette ! l’Irlande se relève en prononçant vos noms. Wolfe Tone combat et meurt. Hélas ! deux flottes françaises viennent échouer sur nos côtes hérissées d’écueils. L’Anglais est plus fort. Son or vient en aide à son épée, et le parlement acheté (que Dieu le punisse en ce