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DEUXIÈME PARTIE

« Pauvre Irlande, toujours fidèle ! Que de meurtres sous ces rois esclaves de l’erreur !… Erin se couvre de ruines, jusqu’à ce que Stuart catholique lui donne un instant de trêve. Et aussi comme elle se bat pour Stuart ! Hélas ! il a parfois du sang tiède dans les veines royales. Stuart est faible, et la vieille Irlande tombe écrasée aux rives de la Boyne.

« Il ne reste plus rien d’Erin ; sa langue est oubliée ; son nom glorieux est mort, et George III trouve à peine assez de martyrs pour assouvir sa soif de sang.

« Ce sont des suppôts de Calvin qui prient le démon dans les cathédrales catholiques. La Vierge est outragée, la douce mère de Dieu ! Il n’y a plus de saints ; l’herbe croit entre les marbres des chapelles, et si quelque oraison pure s’élève encore, c’est la nuit, tout bas, tout bas, derrière les tombes des cimetières…

« Car prier Dieu est désormais un crime, le Dieu des aïeux, le vrai Dieu qui sauva le monde, et dont le signe du chrétien atteste la trinité sainte ! Ils ont un Dieu à eux qui ne veut ni encens odorant, ni belles fleurs, ni brillantes images ; un Dieu froid qui habite entre des murailles nues et qui veut qu’on l’implore sans fléchir le genou…