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DEUXIÈME PARTIE

n’étaient plus que des insectes faciles à écraser du pied.

Les craintes étaient oubliées. On ne savait plus qu’on avait eu peur ; et quand la mâle voix de Morris Mac-Diarmid, remonté sur le tertre, parla de luttes et de batailles, elle trouva un écho au fond de tous nos cœurs.

L’instant était propice. Pour un moment le caprice commun tournait à la guerre. La noble éloquence de Morris échauffait ce sentiment jusqu’à l’enthousiasme, et chaque main frémissait, appelant un mousquet ou une épée.

C’étaient à cette heure les vrais fils des vieux guerriers d’Erin. Cette voûte sacrée, qui avait tressailli jadis aux bruits fiers des glaives choquant les boucliers de fer, résonnait joyeusement à ces clameurs connues. Elle retrouvait ses belliqueux échos, éveillés si souvent par le cri des guerriers celtes, et les ténébreuses murailles grondaient avec la foule la devise antique des batailles : Erin go braegh.

Puis l’auditoire se taisait. Un solennel silence régnait dans l’ombre entre les colonnes illuminées. La voix de Mac-Diarmid s’élevait seule, grave et haute. Il parlait des vieux temps, de la gloire des aïeux et des jours bénis où la harpe du barde avait des exploits à chanter.