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DEUXIÈME PARTIE

Mahony les suivait avec la torche allumée.

Derrière eux venait le roi Lew armé d’un énorme shillelah, et une douzaine de matelots intrépides comme lui.

— Allons, mes fils, dit le roi Lew, on ne meurt qu’une fois… En avant !

Il y eut comme un mouvement d’hésitation parmi la foule invisible, puis un frémissement se lit. Quelques voix s’élevèrent.

Et après une ou deux secondes d’attente, un cri de guerre retentit sous la voûte.

La cohue timide se faisait vaillante tout à coup ; une sorte d’électrique fluide avait couru de cœur en cœur ; ce versatile troupeau avait fantaisie de courage…

Tous à la fois ils s’élancèrent en criant vers l’ouverture ; c’était à qui désormais passerait le premier cette limite derrière laquelle était le péril.

Et ils y allaient de bonne foi, on peut l’affirmer. Pour un moment c’étaient d’intrépides soldats, et malheur à qui eut soutenu le choc de leur cohorte fougueuse !

Mais au dehors, nous le savons, il n’y avait personne pour soutenir ce choc. Cette vaillance soudaine et inespérée devait rester inutile ; la plage était déserte ; il n’y avait aux alentours