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DEUXIÈME PARTIE

plice ; et, à mesure que sa volonté défaillait, un courroux invincible s’emparait d’elle et grandissait jusqu’à troubler sa raison.

Elle aimait d’un amour ardent et plein d’admiration recueillie ; l’absent qu’on insultait lâchement, c’était l’idole devant qui son âme fière avait appris à fléchir.

Ces cris de mort, les hurlements de cette joie frénétique et sauvage qui montaient dans l’ombre, prenant Dieu et la Vierge à témoin d’un barbare espoir, c’était la dernière heure de Percy Mortimer sonnée avec fracas, avec triomphe, avec transport !

La volonté puissante de l’heiress ne pouvait comprimer toujours la rage qui bouillait au dedans d’elle.

Elle voulait rester froide et se taire ; mais un cri d’horreur s’échappa enfin de sa poitrine et lança une malédiction à cette foule enivrée par l’espoir du sang.

Ce fut un moment d’irrésistible fièvre ; elle serait morte à vouloir comprimer ce cri qui souleva ses lèvres convulsivement fermées.

Mais le son de sa propre voix suffit à la rappeler à elle-même ; elle sentit d’instinct son danger ; elle comprit qu’elle allait mourir sans sauver Percy Mortimer.