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DEUXIÈME PARTIE

— Tout le monde rira, dit Mac-Duff d’un air jaloux, et je me chargerais bien, moi qui vous parle, d’aller prévenir le major.

Mais l’idée du petit Paddy et de la petite Su plaisait à la foule, qui grogna pour Mac-Duff.

Gib Roe, vainqueur, devenait un personnage important et se cariait auprès du foyer. Comme le pauvre Pal enviait sa gloire !

La foule, harassée, trouvait encore la force de rire et de crier. Elle chantait victoire d’avance, et aux excès de sa joie, on pouvait mesurer la haine qu’elle gardait au major anglais. Cette haine égalait presque la terreur superstitieuse qu’inspirait le hardi Saxon.

Molly-Maguire était toujours immobile et la tête penchée sur le devant de l’estrade.

Si quelque main audacieuse eût soulevé les plis de son capuchon rouge, on eût découvert sous l’étoffe rabattue le franc et hautain visage de Morris Mac Diarmid.

Il était bien pâle. Son front plissé se courbait sous une pensée sombre. Son regard, qui se perdait dans les ténèbres, où grondait la cohue, avait une expression découragée.

Un sourire amer était autour de ses lèvres.

Au fond de sa conscience, il pesait sans doute en ce moment les chances de la bataille engagée.