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LES SAXONS.

de rendre perçant ; mais la pénétration n’était point son fort.

— Ce n’était peut-être pas lui, après tout, se dit-il.

Puis il reprit à haute voix :

— On leur donnera des pommes de terre, Gib, à ton petit Patrick et à ta petite Su, s’ils veulent se comporter comme il faut… entendez-vous, roi Lew ?… Les deux enfants iront dire au major qu’il y a une embuscade auprès du lac Corrib… et le major voudra prendre la chaussée de planches.

Ces paroles tombaient comme autant de coups mortels sur le cœur de l’heiress. Le rayon d’espoir qui venait de luire en son âme se voilait. Elle retombait au plus profond de son angoisse.

Gib ne se possédait pas de joie. Il avait relevé sa tête humble ; il secouait ses cheveux hérissés ; il battait sa poitrine à deux mains avec liesse.

— Oh ! Mahony, disait-il en s’essuyant les yeux ; oh ! mon fils cher ! merci d’avoir pensé aux deux innocents ! Ils conduiront le major jusque dans le trou, les douces créatures, le major et ses dragons ! et ils riront bien… Oh ! comme ils riront, en voyant les Saxons se noyer dans la boue !