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LES SAXONS.

Quelques exclamations contenues montèrent au-dessus de la foule qui demeurait immobile et attentive.

Tous les cous se tendaient ; toutes les bouches s’ouvraient béantes ; tous les yeux s’attachaient, fîtes et avides, sur les lèvres du Brûleur.

— Cent hommes ! répéta-t-il en frappant ses mains l’une contre l’autre. Écoutez !… Mortimer est parti ce soir de Galway, à six heures, pour se rendre à Tuam, où les gens d’O’Connell font trop de bruit.

— C’est vrai ! murmurèrent quelques voix sur l’estrade.

— C’est vrai ! répéta l’heiress au fond de son cœur.

— Il a cent dragons avec lui, cent beaux soldats, roi Lew ; insolents, pillards et damnés ! Ils vont passer la nuit à Tuam… Demain, il faut qu’ils soient revenus à Galway pour protéger l’élection de James Sullivan… Le poll s’ouvre à midi… vers dix heures les dragons traverseront le bog entre la Moyne et Clare-Galway.

— On l’a déjà attaqué en cet endroit, interrompit Mac-Duff ; c’était la nuit, et il s’est tiré d’affaire !…

— Tais-toi, Patrick !… S’il se tire d’affaire