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LES SAXONS.

instant son égal. Il voulait lui tendre la main pour remonter jusqu’à lui.

Il le voulait ; mais c’était comme un rêve. Il ne bougeait pas.

Ses deux mains s’appuyaient sur le canon de son mousquet.

Il restait là, muet et sombre, et stupéfait de ne trouver qu’amertume au fond de la coupe de vengeance…

Les dragons avaient maintenant de la boue jusqu’aux genoux. Quelques-uns récitaient des prières ; les autres se répandaient en menaces vaines ; d’autres enfin criaient encore au secours.

Aux prières, aux menaces et aux cris de désespoir les Molly-Maguires répondaient par d’implacables moqueries.

La pitié ne venait point.

Ils regardaient cette mort horrible sans que leur vengeance fut assouvie.

Le point rouge cependant avait pris une forme et s’avançait comme un tourbillon, c’était une femme à cheval qui courait en zigzag dans le bog et qui tenait par la bride une autre monture dont le galop la suivait de près.

Elle avait dans la main droite une houssine, et frappait son poney sans relâche.