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LES SAXONS.

Quelques-uns avaient réussi à s’accrocher aux troncs d’arbres ; ceux-là étaient momentanément à l’abri.

Mais, pour les autres, tout effort demeurait inutile et n’eût servi qu’à hâter l’instant fatal.

Il fallait attendre la mort.

Le major, qui était le plus éloigné de la chaussée, était en même temps le plus près d’une des langues de terre environnantes ; son cheval avait trouvé pied sans doute au fond du lac de boue, car il cessait de s’enfoncer, et ses efforts l’amenaient, par un mouvement imperceptible, vers le sol ferme.

Mortimer ne semblait point s’apercevoir de cette chance de salut. Le deuil qui l’entourait avait vaincu son froid courage.

Ses bras étaient croisés sur sa poitrine ; son front hautain se courbait ; il s’apitoyait, non point sur son propre sort, mais sur celui de ses soldats qui allaient mourir, et qu’il ne pouvait point défendre.

Une fois le sang monta subitement à sa joue et mit un rouge vif à la place de sa pâleur habituelle. Ses yeux s’étaient baissés en même temps, et l’on eût pu voir sur sa physionomie, animée subitement, le reflet d’une émotion poignante.