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LES SAXONS.

fois qu’une plainte s’exhalait au milieu de cette scène de désolation, une plainte pareille sortait des buissons voisins.

C’était comme un écho impitoyablement railleur.

Aux plaintes succédèrent les menaces.

Les dragons armèrent leurs pistolets.

— Feu ! crièrent les buissons.

Les soldats, exaspérés, lâchèrent en effet la détente. Ce fut un peu de bruit ; les amorces mouillées ne purent s’enflammer.

Et les rires invisibles redoublèrent. Et les railleurs, désormais bien assurés que l’agonie des dragons de la reine était impuissante, montrèrent leurs têtes derrière le feuillage.

Il y en avait ! il y en avait ! chaque buisson cachait un groupe.

C’étaient des hommes, des femmes et jusqu’à des enfants.

Patrick Mac-Duff, le bon garçon, s’en donnait tant qu’il pouvait avec sa femme Madge, une douce âme qui le battait ; Pat ne se possédait pas de joie, et Gib répétait en extase :

— Ce sont pourtant les petits qui ont fait cela, les chérubins !

Le géant Mahony montrait son torse tout entier au-dessus des buissons. Il était appuyé sur