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DEUXIÈME PARTIE

Puis tout à coup ils disparurent pour ne plus se remontrer.

Les dragons étaient alors bien près du cours du Doon.

Le soleil avait achevé de pomper le brouillard, et la surface plane des bogs s’allongeait en tous sens à perte de vue.

Le major consulta sa montre et murmura une exclamation chagrine.

— Commandez un temps de galop, monsieur, dit-il au cornette Brown ; nous arriverons en retard.

Les chevaux sentirent l’éperon, et leur pas lourd retentit plus pressé sur les madriers qui remuèrent.

La colonne se précipitait impétueusement vers l’endroit fatal.

Le bog présentait, aussi loin que la vue pouvait s’étendre, un aspect de morne solitude ; pas un être vivant ne se montrait sur le vaste tapis de verdure. Seulement, du côté du lac Corrib, bien loin, bien loin, un point presque imperceptible et de couleur rougeâtre semblait se mouvoir.

Les dragons l’aperçurent peut-être, mais il était impossible d’en distinguer la forme et la nature.