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DEUXIÈME PARTIE

Les enfants les suivaient de loin et leur envoyaient de bruyantes bénédictions.

Ils couraient, les petits sauvages, avec leurs jambes nues et grêles, presque aussi vite que les chevaux.

Et tout en criant : « Dieu vous bénisse, mes bons lords ! » ils ne se faisaient point faute de causer tous les deux bel et bien.

— Ma sœur Su, demandait Paddy, combien vous a-t-il donné d’argent ?

— Je ne sais pas, répondit la petite fille ; qui pourrait compter tout cela ?… Il y a des pièces blanches, larges comme des pence… d’autres qui sont toutes petites et jolies ; oh ! regardez plutôt, Paddy ! mais qui pourrait dire combien tout cela fait de farthings ?…

Et les deux enfants s’arrêtaient essoufflés ; ils s’asseyaient un instant dans le gazon mouillé pour contempler et compter leur trésor.

Puis ils s’élançaient de nouveau sur les traces des dragons, et faisaient éclater de mille manières leur joie enfantine.

Ces hommes qui étaient devant eux et qui leur donnaient cette joie marchaient à la mort.

Mais Su et Paddy n’avaient garde de songer à cela ; ils cabriolaient dans les joncs, ils bondissaient d’une langue de terre à l’autre, et se-