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LES SAXONS.

Elle souffrait. Son agonie lui laissait un sentiment vague de son martyre et ne lui ôtait que le pouvoir de combattre.

La matinée avançait. Peggy avait préparé la table pour le repas de famille, bien que personne ne songeât à y prendre place.

Ellen fit un mouvement faible ; puis ses deux mains placées soulevèrent sa manie et vinrent se poser sur son front qui brûlait.

Elle ouvrit les yeux ; son regard ébahi fit le tour de sa chambre.

— C’était un rêve ! murmura-t-elle. Il me semblait qu’il y avait autour de moi des ténèbres, et, dans les ténèbres, des étincelles éblouissantes… Où donc ai-je vu ces lugubres étoiles qui brillaient, qui s’éteignaient et qui brillaient encore ?…

Sa tête retomba sur sa poitrine.

— Je ne veux pas penser à cela, reprit-elle. C’était un songe affreux !… il faut l’oublier.

Un frisson parcourut tout son corps, et fit trembler les plis de sa mante.

— L’oublier ! répéta-t-elle avec un subit effroi dans la voix ; mais ils criaient : « Mort ! mort ! » C’est bien vrai… Leurs cris sont encore dans mes oreilles… Mon cœur a froid… Je sais bien qu’ils vont le tuer !