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LES SAXONS.

Il y avait Mac-Duff qui portait son shillelah attaché derrière le dos et sciait de son mieux, en chantant un lilliburo pour se donner courage ; le pauvre Pat, qui ne faisait pas grande besogne, mais qui en revanche tremblait de tous ses membres.

Ce bon garçon avait tout à craindre ; sa vie se passait en de légitimes angoisses : d’un côté, les Molly-Maguires qui le surveillaient, et pour qui toute faute était sans pardon ; de l’autre, les gens de lord Montrath dont il mangeait le pain, et quel bon pain !

Au moindre soupçon, sa charge lui eût été à coup sûr enlevée, sa chère charge qui lui donnait bien quelquefois à trembler à cause du monstre enfermé dans les ruines de Diarmid, mais qui en définitive était bien douce et permettait au pauvre Pat de manger, de dormir et de boire mieux et plus longtemps que pas un Irlandais.

Chaque fois que le cornet à bouquin des sentinelles retentissait, Pat se sentait perdre le cœur. Il se voyait battu, assommé, pendu, et quand ses idées prenaient une tournure moins sombre, il se voyait chassé de ce bon nid qu’il s’était fait dans les ruines de Diarmid, et réduit au lamentable état de travailler beaucoup pour manger très-peu.