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DEUXIÈME PARTIE

À cet endroit, la chaussée de planches tremble sous le moindre poids ; les bonnes gens du pays prétendent que les troncs d’arbres la font plus solide sur ce point que partout ailleurs ; mais c’est chose effrayante que de voir ce sentier mobile qui gémit et ondoie au-dessus du fangeux précipice.

Quelques heures après le tumultueux conseil tenu dans la galerie du Géant, à la pointe de Ranach, on aurait pu voir un nombre considérable de paysans armés de scies et de pioches qui se dirigeaient vers le cours du Doon.

Ils venaient de différents côtés, mais la plupart tournaient le dos au lac Corrib.

Ils se réunirent sur un tertre couvert de pins et y tinrent une sorte de conseil. Le soleil commençait à percer le brouillard ; c’était à peu près l’instant on la petite Su et son frère Paddy arrivaient à la ville de Tuam.

Les paysans irlandais rassemblés sur le tertre avaient l’air fort peu rassurés. Ils jetaient leurs regards à droite et à gauche, comme s’ils eussent craint d’être surpris. Leurs outils les embarrassaient ; ils eussent voulu le soleil moins clair et le brouillard plus épais.

Néanmoins, après une courte délibération, dans laquelle dix ou douze garçons armés de