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DEUXIÈME PARTIE

mes paroles, les payeurs de minuit tueraient votre père.

À ce nom redoutable, Paddy et Su se serrèrent en tremblant contre les haillons de Gib.

Celui-ci prit leurs petites mains et les rassembla dans les siennes. Il parla durant quelques minutes d’une voix rapide et basse, puis les deux enfants, chargés des restes de leur repas, s’élancèrent au dehors.

Gib resta debout sur le seuil de la cabane.

Les deux enfants descendirent le tertre en bondissant ; ils étaient forts, ils étaient heureux.

Gib Roe les suivait avec cette admiration de père qui met un bandeau sur la vue, comme l’amour.

Il les trouvait beaux et charmants. Son cœur était rempli d’espoir. La joie présente combattait, victorieuse, l’amertume de ses remords.

Paddy et Su étaient arrivés au pied du tertre et avaient franchi la douve boueuse qui entourait la cabane. Ils commençaient à courir en zigzag autour des flaques d’eau voilées de verdure et suivaient leur route tortueuse avec un admirable instinct.

Gib Roe les regardait toujours, les deux enfants se tenaient par la main. Leurs petits membres grêles apparaissaient au travers des trous