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DEUXIÈME PARTIE

de paille, tendue d’une muraille à l’autre, comme chez le vieux Mill’s, séparait la pièce en deux compartiments inégaux ; l’un était l’asile des bestiaux, l’autre celui des créatures humaines.

Mais l’asile des bestiaux était vide. Il n’y avait rien au delà de la corde tendue, sinon la couche souillée, émiettée, réduite en poussière immonde d’une truie étique, qui était morte de faim un an auparavant.

Impossible de se figurer une nudité plus froide une misère plus absolue !

Point de table auprès du foyer central ; point d’escabelles à l’entour ; pas même, aux murailles crevassées, ce pauvre luxe si cher à l’Irlandais catholique : l’image vénérée de son patron, le bon saint qui prie pour lui dans le ciel…

Rien ; un air épais, mouillé, fétide.

De l’eau sur le sol, de l’eau dégouttant le long des parois raboteuses.

Dans un coin, une haute pyramide de tourbes taillées, auprès de laquelle brillaient deux de ces larges bêches tranchantes et droites qui servent à couper le gazon des tourbières.

Dans un autre coin, quelques brins de paille sur lesquels étaient couchés deux enfants à demi nus…

C’était à peu près l’heure où les Molly-Ma-