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DEUXIÈME PARTIE

règles… Nous avons des témoins qui ont juré sur le crucifix.

— Ils sont si malheureux ! interrompit Mill’s d’une voix où il n’y avait point de colère. Ils souffrent tant, eux et leurs pauvres enfants !… Juge, en un pays où règne la faim, il est aisé d’acheter des consciences. Je n’en veux pas aux trois Irlandais qui se sont parjurés devant le crucifix… Sur Dieu, qui va recevoir mon âme, je leur pardonne !… Et je te pardonne à toi aussi, juge, instigateur de mensonges, à toi, le seul et vrai coupable… et je prie Dieu qu’il ait pitié de ton âme à l’heure de ta mort !…

La face de rustre du juge Mac-Foote devint livide sous sa perruque poudrée. Josuah Daws lui-même pâlit, car cette apostrophe tombait directement sur sa tête.

Francès s’était redressée ; son œil bleu brillait d’enthousiasme. Fenella seule, à l’épreuve de toute émotion vraie, écrivait bravement sur son album :

« Audace choquante des accusés irlandais. »

Il régnait dans la salle un silence profond. La plume du greffier courait et grinçait sur le papier de sa minute. Le geôlier et le porte-clefs se regardaient ébahis.

Morris pressait son vieux père contre sa poi-