Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
DEUXIÈME PARTIE

d’assentiment, et l’ingénieuse Fenella mit sur son grand calepin :

« Finesses et détours de la justice irlandaise. »

Mac-Foote poursuivit en se tournant vers l’accusé :

— Allons, Mill’s, mon vieil homme, un peu de franchise ! Vous êtes ici devant des amis qui ont un sincère désir de vous trouver blanc comme neige.

Le bon Nicholas essuya ses yeux attendris.

— Cet homme est un affreux tartufe, mis Francès ! murmura Fenella en désignant le pauvre porte-clefs. J’aime encore mieux la férocité franche de cet autre… le geôlier, je crois… on sait au moins à quoi s’en tenir.

Francès ne prenait point la peine de cacher son émotion. Si Fenella n’eût été tout entière à son œuvre, elle aurait vu les beaux yeux de sa nièce fixer sur le jeune Mac-Diarmid un regard déjà tout plein de passion.

Mais Fenella n’avait vraiment pas le loisir ; il fallait que son carnet fût plein au retour.

On ne vient pas deux fois en Irlande.

L’œil de Mill’s, calme et ferme, était relevé sur son juge. À la doucereuse allocution de ce dernier, il avait répondu par un silence froid où il y avait quelque dédain.