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LES SAXONS.

qui sentait comme tout le monde et ne savait point donner des tours ravissants à sa pensée. Quand parfois Francès s’animait à la vue des merveilleuses beautés jetées à profusion par la main de Dieu sur les pauvres rivages du Connaught, quand ses yeux bleus rêvaient, quand son front intelligent s’inspirait et semblait s’élargir sous l’or ruisselant de sa chevelure, Fenella espérait un peu ; elle prenait la parole, et afin de chauffer cet enthousiasme naissant, elle déclamait quelques pages apprises.

Chose étrange ! au premier mot, Francès redevenait froide ; ses grands yeux se baissaient ; un nuage morne descendait sur son front.

On eût dit qu’elle s’ennuyait purement et simplement.

Fenella haussait ses épaules acérées, poignardait sa nièce d’un regard de mépris, et ramenait sa prunelle incolore vers ces sites magnifiques qu’elle se forçait à admirer.

Ah ! si Francès n’eût point été la fille de feu sir Edmund Roberts, knight, membre du parlement et l’honneur de la famille Daws ; si Francès n’avait point été élevée à la maison d’éducation de mistress Belton, dans Pimlico, avec de jeunes ladys héritières des plus grands noms, il est douteux pour nous que Fenella eût