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LES SAXONS.

Mistress Fenella Daws ferma ses yeux sans couleur et se monta la tête.

Quand elle releva les cils blondâtres de sa paupière, tout avait changé d’aspect. Dieu ! que ces hommes chevelus lui donnaient de doux frémissements !… Que ces femmes à mantes rouges avaient bien l’air des prêtresses de la divinité druidique ! Quel feu diabolique dans les yeux de ces enfants ! Quels monstres se cachaient dans ces basses forêts de bog-pines, qui s’étendaient comme un tapis fauve à perte de vue !

Elle était là, l’Irlande rêvée ! Fenella reconnaissait Banim et miss Roche ; elle s’étonnait qu’Anne Radcliff n’eût point placé, dans ces ruines barbues qu’elle apercevait au sommet des montagnes, la scène d’un de ses délicieux récits.

Son portefeuille se couvrait ; elle faisait des provisions pour trois ou quatre saisons successives.

Une fois à Galway, tandis que Josuah Daws accomplissait l’objet de son voyage, Fenella, suivie de Francès, assouvissait sa passion pour l’art et visitait les merveilles des côtes occidentales de l’Irlande.

Elle avait tout vu, hommes et choses. Elle avait appris le nom irlandais du bâton, et le nom celte de la pipe ; le lilliburo était transcrit sur