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DEUXIÈME PARTIE

Heureux habitants de Fleet-street, du Strand, de Ludgate et de Cornhill, cette activité matinale était pour vous ; c’était pour réjouir vos routs bourgeois, pour éblouir vos bals d’arrière-magasin, que l’ingénieuse Fenella taillait sa plume et mettait en arrêt sa poétique pénétration.

Qui donc nous a dit que la gloire est une chose vaine ? La gloire des poëtes, des rois et des héros, d’accord ; mais la gloire entre voisins, la célébrité de porte à porte, la renommée qui flamboie à l’odeur fade du thé, quoi de plus réel et de plus beau ! Que ces lauriers s’acquièrent à l’aide de la guitare, du piano ou de la harpe ; à l’aide des speeches du dessert ou des pièces de vers domestiques, à l’aide de la polka ou d’un voyage en France, leurs parfums enivrent à coup sûr et pareillement.

Si l’on est homme, on passe lion d’emblée dans les salons de la petite finance ; si l’on est femme, on prend le grade vénéré de bas-bleu.

Et tous les fronts humbles se courbent, et tous les esprits vulgaires s’inclinent subjugués.

Mistress Fenella Daws n’avait jamais vu la France ; son gazouillement britannique, aigu, chantant et tirant du gosier des notes inconcevables, n’avait jamais fait la joie du gamin de Paris, sur nos boulevards ; mais elle était en