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LES SAXONS.

mais ce fut l’affaire d’une seconde ; tous ses poils bruns, barbe, sourcils, cheveux, remuèrent aux contorsions de sa face, et il reprit d’une voix tonnante :

— Marchons ! vous autres, marchons !

Le vieux Mill’s franchit la porte de sa cellule, appuyé sur le bras de Morris. L’honnête Nicholas formait l’avant-garde ; le geôlier marchait le dernier, le poing sur la hanche, le bonnet de travers, et menaçant le vide de son regard foudroyant.

Cet homme terrible était bavard.

— Ça vaudra quelque chose, grommela-t-il en mesurant son pas lourd. Je suis bien aise que le vieux coquin de papiste ait une manière de conseil… le gentleman de Londres en prendra meilleure idée de notre prison de Galway… Sainte Bible ! ça va être comme un jugement dans les formes !… Il y aura le tribunal, l’accusé, l’avocat et le public, ma foi !… une vieille dame habillée de soie et une jolie miss que j’appellerais mistress Grewil de tout mon cœur, à l’occasion.

Les Mac-Diarmid allaient en silence dans les longs corridors de la prison.

Le bon porte-clefs Nicholas était trop loin de son patron pour saisir le sens de ses paroles,