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LES SAXONS.

devant un jury protestant, l’innocence est-elle un bouclier pour le catholique ?

— Il faut des preuves.

— On fait des preuves.

— Il faut des témoins.

— On crée des témoins.

— J’ai passé devant deux jurys, et, pour l’honneur de l’Irlande, pas un seul témoignage ne s’est élevé contre moi.

— Et il a fallu attendre une troisième session, mon père !… et durant les mois d’intervalle, on a cherché, cherché si bien qu’on a trouvé des hommes pour attester votre prétendu crime.

Le vieux Mill’s interrogea son fils d’un regard perçant.

— Êtes-vous bien sûr de cela, Morris ? demanda-t-il.

Sa voix était ferme et grave.

— J’en suis sûr, répliqua Morris, dont l’accent exprima un espoir.

Le vieillard reprit comme en se parlant à lui-même :

— Je n’ai pourtant fait de mal à personne en ma vie… J’ai secouru du mieux que j’ai pu la misère de nos frères souffrants… Ceux qui se sont vendus aux Saxons et qui vont témoigner