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LES SAXONS.

reproches éclatèrent sur l’estrade même, tout auprès de Molly-Maguire.

La main de l’un des hommes masqués s’avança et se posa sur l’épaule du chef, par-dessus sa mante rouge.

— En êtes-vous venu-là, Mac-Diarmid, prononça-t-on, de parler ainsi de votre propre père ?

Molly-Maguire repoussa cette main et redressa fièrement sa haute taille.

— Mill’s Mac-Diarmid n’est qu’un homme, répéta-t-elle en faisant vibrer sa voix sonore ; il a des fils pour le défendre ou pour le venger… Il ne fait point partie de l’association… Occupons-nous de la vengeance de l’Irlande !

Un mot suffit par tous pays pour faire virer les idées de la foule. En Irlande, la foule est plus versatile et plus changeante que partout ailleurs. On s’agita ; des paroles incohérentes se croisèrent entre les feux diamantés de la colonnade. On oublia le vieux Mill’s Mac-Diarmid comme on avait oublié lord George Montrath et le monstre, loup, tigre ou lion, confié à la garde du pauvre Pat.

— J’ai à vous parler contre le candidat d’O’Connell, reprit Molly-Maguire. Ne murmurez pas ! Vous ne parviendrez point à étouffer ma