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DEUXIÈME PARTIE

paroles d’espoir qui tombaient de la bouche de son père lui attristaient le cœur.

Encore quelques jours passés dans la prison, qui pouvait savoir combien d’êtres chers Mill’s Mac-Diannid, délivré, retrouverait autour de la table de famille ?

Morris baissait la tête et ne montrait point sa peine ; le vieillard avait si grand besoin d’espérer !

Quand ce dernier eut demandé des nouvelles de chacun de ses fils en particulier et de la noble Ellen, son œil s’anima tout à coup et sa figure prit une expression de curiosité vive.

— Et vous ne savez rien de l’élection, mon fils Morris ? dit il.

— Rien, mon père, répondit Morris ; j’étais venu vous parler d’autre chose.

Le front du vieillard s’assombrit.

— Mes enfants ! mes enfants ! répliqua-t-il avec un mouvement de colère, il faut bien que je vous le dise… vous ne vous occupez point assez des affaires de l’Irlande !… Jésus ! Sam est venu me voir hier, et c’est à peine s’il savait que nous étions à la veille du grand jour… Il n’avait point de cocarde. Où est la vôtre, Morris ?

Le regard du vieux Mill’s parcourut le jeune homme des pieds à la tête, cherchant quelque