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DEUXIÈME PARTIE

parole malencontreuse vînt mettre au vent les shillelahs.

Alors c’était une autre fête.

Oh ! les crânes fêlés ! les poitrines sanglantes ! les mâchoires broyées ! Jésus, Jésus ! hourra ! hourra ! le joyeux jour !…

Le silence était autour de la prison.

Au bout de quelques minutes, on entendit un bruit de pas à l’intérieur, et Morris, sortant enfin de sa rêverie, souleva de nouveau le lourd marteau de la porte.

— Ouvrez, Nicholas, paresseux ! dit une grosse voix derrière la porte ; un jour comme celui-ci la porte d’une prison devrait s’ouvrir d’elle-même.

— Oui, maître Allan, répliqua une autre voix douce et conciliante ; vous avez raison, maître Allan… et Dieu sait, maître Allan, que nous aurons du nouveau avant ce soir.

Les lourdes barres de bois glissèrent dans leurs rainures ; l’énorme clef grinça bruyamment ; la porte s’ouvrit.

Derrière la porte se tenait un homme de quarante ans à peu près, osseux, jaune, barbu, chevelu, avec des yeux terribles et des sourcils farouches, un vrai geôlier ; un geôlier comme il en faut dans les drames, et comme devraient