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LES SAXONS.

Aux deux côtés du portail gisaient deux roches brunes et plates, qui servaient à la fois de bornes et de bancs. Morris s’assit sur l’un de ces siéges et attendit.

Il y avait trois jours qu’il ne s’était couché entre les draps de son lit, mais ses yeux n’avaient point sommeil. Trop de pensées s’agitaient et se choquaient dans son cerveau.

Il s’appuya contre les piliers de pierre et donna son esprit à la méditation.

Sa tête se penchait sur sa poitrine. L’abondante richesse de ses longs cheveux voilait presque son front. Son shillelah, arme redoutable dans la main d’un Irlandais, reposait en travers sur ses genoux.

Il était six heures du matin. Quelques bruits arrivaient déjà des rues lointaines, et, dans diverses directions, les semelles de bois commençaient à sonner contre le dur pavé.

La vieille cité s’éveillait. Le murmure grandissait sans cesse. Quelques fenêtres s’ouvraient ; quelques portes du rez-de-chaussée s’entre-bâillaient et montraient le vêtement de nuit des ménagères.

Puis la rue elle-même s’anima ; quelques passants cherchèrent leur route le long de l’étroite chaussée ; des êtres demi-nus sortirent des mai-