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DEUXIÈME PARTIE

Arrah ! que Dieu le bénisse !… Il a beau nous mépriser, nous l’aimons.

— C’est un vieux soldat du temps des Irlandais-unis. Il a tué plus d’un Saxon en sa vie, quoi qu’il dise !

— Et, sans Daniel O’Connell, reprit Molly-Maguire, il serait prêt encore à risquer sa vie avec les enfants de l’Irlande… Mais l’esprit de Daniel O’Connell est en lui… Il nous déteste, parce que l’homme qu’on appelle le Libérateur lui a dit de nous détester…

— C’est vrai, c’est vrai, s’écrièrent quelques-uns ; O’Connell a encore parlé contre nous l’autre jour dans Conciliation-Hall !

— Ne dites rien contre O’Connell, crièrent d’autres voix ; il est le père de l’Irlande.

Musha ! qui aime bien châtie bien… Ce père-là ne gâte pas ses enfants.

— S’il nous donnait seulement notre pauvre pain, prononça timidement Gib Roe, qui avait échangé son habit de gentleman, présent de Joshua Daws, contre ses anciens haillons ; je lui permettrais bien de nous dire des injures.

— La rente du Repeal nourrirait tout de même bien du monde !

— Où va-t-elle, la rente du Repeal ?

Musha ! mes fils !… croyez-vous que le