Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
DEUXIÈME PARTIE

Montrath fixait ses yeux dans le vide et joignait ses mains sur ses genoux avec découragement. Le rouge de son visage était moins vif et arrivait à une sorte de pâleur.

— Oui, oui, murmura-t-il, cela me coûte bien cher… de l’or, toujours de l’or !… elle est insatiable ! Et si ce n’était que de l’or !… mais des craintes incessantes !… Je ne vis plus Robin ! cette créature s’attache à mes pas comme une vivante menace… Je la vois partout : au théâtre, au parc, à l’église !… On se demande à Londres d’où elle sort et quelle fortune peut suffire à son luxe insensé… Elle a pris un appartement magnifique dans Portland-Place, vis-à-vis de ma propre maison… Elle a des chevaux hors de prix, des diamants, des toilettes écrasantes, et chaque fois que je sors, je vois sa figure stupéfiée par l’ivresse se balancer sur les coussins de son splendide équipage…

— Elle s’enivre toujours ?… dit Crackenwell à voix basse ; ce serait un moyen…

Montrath le regarda en face et l’interrogea d’un œil avide.

Crackenwell jouait avec les franges de l’ottomane, et ne jugeait point à propos de poursuivre.

— Et puis, reprit le lord, au moindre re-