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LES SAXONS.

Montrath essaya de sourire.

— Vous faites un joyeux compagnon, Robin, murmura-t-il ; voyons, parlons sérieusement, et donnez-moi un bon conseil.

Crackenwell ne perdait point son air d’indifférence et parlait comme un homme admirablement sûr de son fait.

— Mes conseils sont fort au service de Votre Seigneurie, répliqua-t-il, je suis prêt à les lui donner, quitte à reprendre dans un instant l’entretien au point où nous le laisserons… De quoi s’agit-il ?

— Je suis ruiné, Robin, dit Montrath d’une voix chagrine et fatiguée ; Mary Wood me coûte plus cher à entretenir que trois danseuses françaises, et ses exigences augmentent tous les jours.

— Je vous l’avais prédit, Milord.

— Assurément, Robin ; mais c’est un conseil que je vous demande.

L’intendant réfléchit durant quelques instants ; un sourire était autour de ses lèvres.

— C’est une femme de tête que cette Mary Wood, reprit-il avec admiration, elle a profité de l’occasion mieux que moi… Hier, pauvre servante, elle est aujourd’hui riche comme une pairesse… Ah ! ah ! milord ! ce dévouement-là devait vous coûter cher…