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LES SAXONS.

— Les scrupules de Votre Seigneurie, répondit-il, sont un peu tardifs, mais assurément bien respectables… Moi je retirai de cette affaire un coup d’épée qui me traversa le bras… c’est un souvenir qui m’empêchera de l’oublier jamais… et, à parler franc, j’aimerais mieux un remords… mais je préfère encore ma situation à celle de Votre Seigneurie.

— Connaissez-vous donc mes embarras nouveaux ? demanda Montrath avec une sorte de découragement.

— Milord, je les devine à peu près… De toutes les façons d’agir, celle que vous avez choisie était la plus dangereuse… Je m’étais fait l’honneur de vous donner là-dessus mon humble avis… mais Votre Seigneurie a cru tout concilier en prenant un moyen romanesque, usité seulement dans les tragédies de Drury-Lane… Ce moyen laisse en repos votre conscience timorée ; tout doit être pour le mieux.

Le rouge monta au visage de Montrath et ses sourcils se froncèrent, mais il réprima vite ce mouvement de courroux.

— Ami Robin, dit-il doucement, vous êtes toujours railleur… mais il n’est pas donné à tout le monde de pousser si loin que vous la philosophie.