Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
LES SAXONS.

tôt avec l’aisance d’un égal qu’avec la soumission respectueuse d’un inférieur.

Il avait suivi les deux middlemen d’un regard équivoque où se mêlaient l’ironie et la pitié.

La pitié ne s’adressait point aux middlemen.

— Cela pourra durer quelques années encore, dit-il, répondant à sa propre pensée ; mais les fils de Vos Seigneuries, milords, n’auront point d’héritage en Irlande.

— Nos fils aviseront, dit Montrath. Eh bien ! Robert, vous avez toujours eu un grain de philosophie !… laissons cela, je vous prie, ami, et parlons de choses plus sérieuses… Vit-elle encore ?

— Je le crois, répondit Crackenwell.

Un peu de pâleur était venue au front de lord George ; sa physionomie épaisse et matérielle laissa percer un mouvement de joie.

Il prit son mouchoir pour essuyer ses tempes, où il y avait des gouttes de sueur.

Crackenwell, renversé sur le dos de l’ottomane, avait les yeux au plafond, et gardait l’apparence du calme le plus complet.

Lord George l’examinait en dessous. C’était quelque chose de bizarre que cette précaution chez un homme dont les habitudes poussaient le sans-gêne jusqu’à la brutalité.

On eût dit que, pour un motif ou pour un