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LES SAXONS.

— Que Dieu bénisse Votre Seigneurie ! murmura-t-il d’un accent dévot ; je ne sais pas ce qu’il faudrait à Olivier Turner, notre confrère qui est riche, riche ! et qui pourrait bien faire un petit sacrifice à son landlord… Il n’est pas ici, le bon garçon !… mais Dirck Mellyn et les autres… et moi surtout, par mon salut ! nous sommes plus pauvres que Job… une centaine de guinées me ferait grand bien pour ma part.

— Je n’en demanderais ni plus ni moins, dit Mellyn avec un sourire inquiet.

Les autres dirent :

— Il ne nous en faudrait pas davantage !

Toutes ces bonnes gens, qui avaient le costume ordinaire des fermiers d’Irlande, faisaient tout doucement leur fortune en pressurant sans pitié l’indigence de leurs voisins. Ils tenaient à bail une partie considérable du domaine de Montrath, qu’ils sous-louaient, subdivisée en microscopiques tenances, à des centaines de malheureux.

En cela consiste le métier de middleman ou d’agent intermédiaire entre le seigneur et son fermier.

La plupart du temps, il existe entre le lord et le tenancier plus d’un intermédiaire. Londres possède plusieurs agences qui prennent à bail